Wolfenstein The Old Blood : un sympathique défouloir vintage

image une wolfenstein

Après la remise au goût du jour de leur licence Wolfenstein l’année dernière, le studio Bethesda persiste et signe avec cette suite/préquelle intitulée Wolfenstein The Old Blood… ou presque. Tout d’abord un bref récapitulatif de son prédécesseur s’impose, tant Wolfenstein The New Order a su reconquérir le cœur des fans de la première heure tout en s’offrant le luxe d’en acquérir des nouveaux.

Véritable petite pépite vidéoludique que personne n’attendait vraiment avec impatience, The New Order s’est avéré, malgré des graphismes et une réalisation agréable mais sans plus, un véritable défouloir généreux et décomplexé. Les développeurs ont su retrouver le feu sacré de notre enfance grâce à un humour ravageur, des phases d’action nerveuses et des situations souvent originales (cf : la prise du Château au début du jeu ou l’escapade sur une base nazie située… sur la Lune !).

Oui, Bethesda avait bien réussi son pari. A l’ère du jeu d’action en réseau et à la réalisation gonflée souvent jusqu’à l’excès, JP Blazkovicz était de retour pour casser du nazi et ça faisait du bien !

Un an plus tard, voici donc cette suite tant attendue qui s’avère être en réalité une préquelle, dont les évènements se situent juste avant l’attaque de la forteresse du « Boucher », le bad guy du jeu original.

En premier lieu, on s’aperçoit que l’ambiance graphique ainsi que les personnages ont profité du même moteur que New Order, le tout étant donc modélisé à l’identique, à chacun d’interpréter cela comme une bonne ou mauvaise chose. Mais l’essentiel est toujours là : Blazkovicz, les ignobles nazis, leurs expériences démentes et une ambiance de série Z steampunk qui aurait fait se pâmer d’admiration Ed Wood en son temps.

Bien sûr, tout n’est pas parfait dans Wolfenstein The Old Blood, à commencer par une durée de vie réduite de moitié par rapport à l’original, transformant cette nouvelle aventure en DLC de luxe plutôt qu’en véritable nouvel opus. Le studio ne s’en cache d’ailleurs pas en abaissant son prix de vente à 20€, rendant ainsi la rentabilité de cet investissement plus que correct.

image artwork wolfenstein

Non, le véritable problème de Wolfenstein The Old Blood, c’est l’impression constante que même avec l’effet de surprise en moins, c’était quand même mieux avant. L’humour est toujours là, oui, mais il était plus féroce avant grâce entre autre aux affiches de propagande nazis (ici quasi absentes) ou à la description globale d’un monde dystopique régie par une société aryenne aux ambitions démesurées (la conquête de l’espace). Il manque dans The Old Blood cette dose de folie.

Dans Wolfenstein The Old Blood, l’action aussi est toujours présente. Mais bien que nerveuse, elle ne représente pas le challenge de son prédécesseur (si on excepte un mode « Oh non » où le personnage n’est doté que d’une vie et s’il la perd, doit recommencer le jeu depuis le début !). La faute à un jeu certes plus court, mais aussi à des situations moins rocambolesques et des flots d’ennemis moins menaçants. Cette différence est encore plus manifeste dans les passages d’infiltration où il est désormais plus facile d’éviter de déclencher l’alarme ou le cas échéant, d’éliminer les ennemis si on est du genre à foncer tête baissée. Cette simplification du gameplay se retrouve aussi dans l’intrigue et les personnages de The Old Blood.

Certes, Blazkovicz est toujours cette même brute sympathique qui alterne les moments de violence extrême et les discours philosophiques pontifiants. Mais là encore l’équilibre parfait de l’original fait place à une focalisation sur la violence, faisant perdre une bonne partie de son humanité à notre bon gros bad ass préféré.

Dans Wolfenstein The Old Blood, les antagonistes, bien qu’intéressants, sont logés à la même enseigne. Certes, le personnage du Maître,-Chien amoureux de son molosse qu’il surnomme affectueusement Greta ; ou la responsable de la division paranormale Helga, caricature de la matrone nazie dont la représentation aurait fait merveille dans La Grande Vadrouille, ont belle allure. Mais leurs profils et leurs histoires ne peuvent rivaliser avec celle de Frau Engel, ignoble directrice d’un camp de la mort, ou celle du Wilhem Strasse dit Le Boucher, savant fou nazi qui ferait passer Mengele pour un saint homme à côté de lui.

Mais il serait mal avisé pour autant de bouder son plaisir, ne serait-ce que par des ajouts tels que les niveaux Nightmare. Anecdotiques dans Wolfenstein New Order, ils deviennent ici un véritable défouloir vintage. Bien que répétitif, ils n’en sont pas moins un plaisir coupable et jouissif, surtout pour tous les gamers de plus de 30 ans.

On pense également à ce changement de ton à la moitié du jeu, digne d’une nuit en enfer, le film de Roberto Rodriguez, où les nazis en armure sont soudainement remplacés par des zombies agressifs qui, malgré la profusion de ces créatures sur nos écrans depuis quelques temps, n’en restent pas moins un retour aux sources, bienvenue de la mythologie Wolfenstein. Cette volonté jusqu’au-boutiste du « what’s the fuck » trouve son point d’orgue en la personne d’un Boss final monstrueux tombant comme un cheveu sur la soupe.

Bien que ne possédant ni le charisme, ni la difficulté de son prédécesseur New Order, Wolfenstein The Old Blood constitue néanmoins un défi qui mettra vos nerfs à rude épreuve, et ce en partie grâce à des soldats allemands complètement débiles qui continuent à vous tirer dessus pendant que le Monstre les écrase…

Il est à souhaiter que Bethesda poursuive lors d’un nouvel épisode ce nouveau ton assumé de la saga, sans pour autant se reposer sur leurs lauriers ou oublier de préserver leur inventivité et leur humour mordant. Le nom Wolfenstein pourra alors continuer à renaître de ses cendres et prouver que l’adage « faire du neuf avec du vieux » est toujours aussi pertinent.

image gameplay wolfenstein
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